Ce film est délicat et nous laisse tout pensif, parce que l'on a aimé cette ville, cette histoire, cet homme, ces femmes, et que rien n'est simple, et pourtant tout se dénoue.

Une nouvelle fois James Gray explore le pouvoir dont dispose l?institution familiale sur ses membres pour se perpétuer et perpétuer les affaires, en jouant de ses rituels, du lien affectif qu?elle sait tisser (appartement cocon/prison où l?on ne cesse de s?épier derrière ou sous les portes, les fenêtres, avec le téléphone, l?ordinateur ?)? mais aussi des intérêts matériels dont elle sait user :« We love our customers » proclame la publicité sur les sacs de la teinturerie familiale. Cette fois ci la violence physique n?a pas besoin d?être convoquée, le milieu est plus ordinaire, celui de commerçants juifs new yorkais. On y voit Joaquin Phoenix évoluer sur le fil du miroir entre deux univers et two lovers organisés symétriquement, qui peuvent tout deux lui permettre de dire « je suis heureux » (la Mélodie du bonheur ?). In fine, comme dans les polars de Mickael Hodges, c?est bien sur « La loi du milieu » (familial) qui prévaudra. Le choix du conjoint est sociologiquement déterminé nous a appris Alain girard. Autre ingrédient, la culture cinématographique du réalisateur habite le film d?un bout à l?autre, on pense évidemment à « fenêtre sur cour », mais Gwyneth Paltrow a aussi de quelque chose de Veronica Lake. « Two lovers » n?est certes pas un polar, mais les fantômes du genre ne sont jamais loin et c?est très bien.