Ce curieux road movie pédestre et féminin au traitement quasi documentaire m’a littéralement envoûté. Il nous transporte d’est en ouest dans une Amérique décadente, religieuse, cupide et violente grâce à un récit ponctué d’inserts sur des panneaux aux messages simplistes et péremptoires. Nous traversons des paysages sublimes parfois souillés par la pollution, et dans ce fracas d’images, il y a le corps de Lillian, mutique, frêle et déterminée, toujours belle malgré les souillures et les blessures, lyrique et poétique jusque dans l’impudeur.
L’absence presque totale de dialogues est compensée par une musique dramatique bien adaptée au récit et par quelques extraits d’émissions de radio totalement anecdotiques, voire anachroniques, contrepoint souvent ironique par rapport à la situation de l’héroïne.
Le message tragique de ce film très original est d’autant plus fort qu’il est inspiré de l’histoire vraie de Lillian, jeune fille d’origine russe, partie à pied de New York pour rejoindre l’Alaska en 1927.