Pendant la seconde guerre mondiale, Théodore, vétérinaire et maire d’un petit village recueille Petit Claude, un enfant de 9 ans dont les parents ont disparu. Mademoiselle Lundi l’institutrice et secrétaire de mairie fait la connaissance des Tziganes qui se sont installés pour les vendanges, aidant à la scolarisation des enfants. Petit Claude se prend d’amitié pour Taloche, un grand gamin bohémien de 30 ans, qui promène son violon et sa démesure partout. Mais le régime de Vichy impose des contrôles de plus en plus contraignants. Alors que Petit Claude est de plus en plus attiré par la liberté et le sens de la fête des Tziganes, la pression de la police et de la gestapo s’intensifie…

Né à Alger d’un père Kabyle et d’une mère gitane, Tony Gatlif est devenu, de film en film, le chantre des Roms du monde entier à travers un cinéma très expressif, où la musique a un rôle prépondérant (il compose les musiques de ses films). Il a eu plusieurs Césars pour les films Latcho drom (93), Gadjo dilo (97), Vengo (00) et il a reçu le prix de ma mise en scène au Festival de Cannes en 2005 pour Exils (avec Romain Duris et Lubna Azabal).

Son nouveau film, présenté en avant première en octobre au Festival Cinéma et Politique est une totale réussite, débordant d’énergie et de force malgré la tragédie qu’on sait inéluctable : un film grand public émouvant et juste, où la sincérité du réalisateur se lit dans chaque image. Les acteurs sont épatants, avec une mention particulière pour l’acrobate et musicien James Thierrée qui réussit avec le personnage de Taloche une performance d’acteur bouleversante et inoubliable.

Tony Gatlif a longtemps hésité avant d’aborder la déportation des Tziganes : « Pendant très longtemps, je ne voulais pas le faire. J’avais rencontré trop de Tsiganes qui ne voulaient pas en parler et pleuraient dès qu’on évoquait le sujet, alors, j’avais abandonné. » Aucune trace, aucun témoignage, un trou dans la mémoire collective. Jusqu’à la découverte de l’histoire des Justes dont s’inspire le film. « C’est un film engagé. 250.000 à 500.000 Roms ont été tués pendant la guerre. En France, il y avait quarante camps d’internement. Il mérite d’être dans l’histoire, d’être étudié. Aujourd’hui, nous sommes à la limite de l’oubli, c’est notre époque qui veut ça, alors, la France doit reconnaître l’histoire des Tziganes. C’est le minimum et c’est rien à faire, juste une déclaration… »*

DP


* Interview par Elodie Butet parue dans La Nouvelle République