Olfa est une mère de famille tunisienne qui a quatre filles. Mais, un jour, les deux aînées disparaissent...

Tout commence quand la réalisatrice, Kaouther Ben Hania, entend à la radio Olfa parler de l'histoire tragique de ses filles, « Olfa m'a immédiatement fascinée. J'ai vu en elle un formidable personnage de cinéma. Elle incarnait une mère avec toutes ses zones troubles. Son histoire complexe, terrible, me hantait et j'avais envie de l'explorer. » Dans un premier temps, elle se dit qu'elle allait filmer Olfa et les deux filles qui lui restent pour exprimer l'absence des deux autres, « Mais quelque chose ne marchait pas », c'est alors qu'elle a l'idée d'engager des actrices ; deux pour jouer les deux filles aînées, les deux plus jeunes jouant, elles, leur propre rôle ; et une pour jouer le rôle d'Olfa. Mais la véritable Olfa est également présente à l'écran et ne se gêne pas pour conseiller celle qui la joue. Cela paraît compliqué ? Alambiqué ? En fait pas du tout. Le dispositif est parfaitement limpide à l'écran et permet l'éclosion de scènes puissantes en offrant à la fois vérité et distance. Sans compromis, les contradictions et les ambiguïtés de cette mère sont clairement exposés et, à travers elle, c'est toute une société qui est décrite.

Après La Belle et la meute, Le Challat de Tunis ou L'Homme qui a vendu sa peau, Kaouther Ben Hania confirme avec ce troublant mélange de documentaire et de fiction qu'elle est une cinéaste aussi passionnante qu'importante. JF