Jamais deux sans trois ! Après les très réussis Week-end et 45 ans, voici maintenant le non moins beau La Route sauvage, troisième réussite consécutive signée Andrew Haigh. Si les deux premiers films faisaient déjà le grand écart thématique, le réalisateur change à nouveau de genre mais également de contrée puisque, après l’Angleterre, cette fois c’est aux USA et plus précisément en Oregon que se situe ce nouveau film.

Charley a quinze ans, il vit avec son père, inconstant, plus souvent absent que le contraire. Livré à lui-même, Charley trouve refuge auprès de Del, un entraîneur de chevaux qui lui confie un petit boulot. Là, il va se prendre d’affection pour « Lean on Pete », un pur sang en fin de carrière. Le jour où il comprend que « Lean on Pete » risque l’abattoir, Charley décide de s’enfuir à travers le désert avec le cheval. Son but est de retrouver sa tante qu’il n’a pas vue depuis des années et dont il n’a qu’un lointain souvenir...

La Route sauvage est un film gracieux sous des dehors rudes et la beauté des paysages (la photographie est superbe) contraste avec l’âpreté de ce que vit Charley lors de son périple. « Lean on Pete » (Compte sur Pete), le nom du pur sang n’est pas un hasard, car c’est bien le sujet principal du film, comment grandir, se construire quand on ne peut compter ni s’appuyer sur quelqu’un ? Perpétuellement en mouvement, Charley entame un véritable voyage initiatique aux confins du désert, car c’est, pour lui, la seule façon d’essayer de s’en sortir. Quête existentielle et universelle sur la nécessité de se trouver, La Route sauvage est aussi un film d’amour, celui d’un fils pour son père, malgré les failles, celui entre un jeune homme et un animal et, enfin, celui entre un enfant et sa tante, substitut maternel dont il ne reste que des réminiscences. Portrait d’un adolescent bousculé par la vie, La Route sauvage sonne très juste et est particulièrement émouvant.

Ajoutons qu’autour des aguerris Steve Buscemi, Chloé Sevigny ou Steve Zahn, le film permet de découvrir un jeune acteur, Charlie Plummer, assez extraordinaire et promis, on l’espère, à un avenir radieux.

JF