Tikkoun, c’est un peu l’histoire de Mireille, la mouche de Dick Annegarn, qui serait enfermée dans un bocal. On l’observe en train de se cogner dans les parois de verre, de manière clinique, froide, distanciée, sauf qu’ici Mireille est un garçon. Et ce pauvre garçon découvre, en faisant ses ablutions, qu’il a un zizi et même qu’il trouve que ce zizi a des réactions étranges… Bref, notre jeune juif intégriste se pose des questions sur le sens de la vie, sur sa foi, et comme la mouche dans son bocal, ou comme les habitants de la caverne de Platon, il aimerait bien aller voir dehors, dans la vie laïque. Un jour où les parents, juifs intégristes eux aussi, ont laissé le couvercle du bocal entrouvert, Haïm-Aaron (c’est le vrai nom de Mireille) s’aventure seul dans les rues… et « accidentellement » il met le doigt dans le pot de confiture, il GOÛTE le fruit défendu… Quelle fulgurance ! Il ne s’en remettra pas. Ses parents préfèrent le renier, l’abandonner, plutôt que de le voir renoncer à sa foi. Ce film à la mise en scène sobre et lente, en noir et blanc, est une très belle et très forte dénonciation de tous les intégrismes.