Avec Sieranevada, nous voila plongés avec Lary et sa grande famille dans l’atmosphère explosive et agressive d’un appartement exigu dont les portes ne cessent de se refermer sur notre nez. On commémore la mémoire du père décédé il y a peu. Ce sont les femmes, en fait plus rivales que solidaires, qui apparaissent comme les maîtresses impitoyables du rituel, servant et desservant les couverts de manière ininterrompue, assignant les places et les rôles à tenir à chacun (une vision un rien misogyne me semble t il). Les hommes dans l’attente de Godot (c’est à dire le Pope son représentant en Roumanie) et surtout de l’heure de satisfaire leur appétit vont et viennent sans vraiment trouver leur place et se livrent à des discussions sans fin sur des sujets débiles. Tous s’entrechoquent, les mensonges et les secrets de famille redoublent ceux du pouvoir politique d’hier et ceux des médias d’aujourd’hui. Assez rapidement on en vient à ne plus pouvoir supporter les travers des uns et des autres. On souhaiterait pouvoir, comme les amis de la famille, s’échapper de ce noeud de vipères. Las, la seule échappée à l’air libre qui nous est offerte pendant ces presque 3 heures, nous fait supporter une rixe (plus verbale que physique) encore plus pénibleà propos d’une malheureuse place de stationnement. Heureusement, l’éclat de rire final de Lary, face à cette comédie familiale plus dérisoire que dramatique, nous apporte une délivrance presque inespérée. Familles je vous hais ! Cristi Puiu préfère en rire et nous avec.