Ceux qui s’en tiennent strictement à la géométrie euclidienne risquent d’être décontenancés. Rodrigo Moreno nous propose un film dense à la fois grave et ludique où les parallèles se croisent tout en se partageant l’écran, jouant avec le temps, les identités , les rôles sociaux, les sentiments, les genres cinématographiques... et jouant aussi avec les spectateurs souvent aiguillés sur de fausses pistes. La conclusion est tout autant pleine d’espoir que de désespoir, comme les paroles de la chanson qui accompagne l’image finale du personnage principal chevauchant les collines, un appel à la liberté mais aussi un cri d’alarme face à la barbarie qui s’annonce et pas seulementenArgentine.
PS Si, comme le dit Agustin Mandilaharzu l’un des animateurs du collectif El Pampero Ciné également impliqué dans « La flor » et dans « Trenque Lauquen »:«  la richesse d’un film ne provient pas de l’argent qu’on y injecte mais du temps qu’on se donne pour le faire », on peut dire que « Los delicuentes » dont le tournage s’est effectué entre 2018 et 2022 est un film très riche. Et c’est vrai que cette richesse est telle que par par moments, on a envie d’arrêter la projection pour discuter de la signification d’un plan et de ses rapports avec d’autres séquences du film.