La Communauté

La Communauté - Kollektivet

de Thomas Vinterberg

Avec
Trine Dyrholm
Ulrich Thomsen
Helene Reingaard Neumann
Martha Sofie Wallstrøm Hansen
Lars Ranthe

Genre : Drame

Nationalité : Danemark

Année de sortie : 2017

Durée : 01h51

Version : Couleur

Public : Tout public

Au Danemark dans les années 70, tentés par la vie en communauté, Erik, professeur d’architecture, Anna, journaliste, et leur fille ado, Freja, s’installent dans une villa d’un quartier huppé de Copenhague. Là, ils convient des amis et des connaissances à les rejoindre dans leur expérience. La collectivité organise le quotidien, les repas, les fêtes… Lors de réunions démocratiques, les règles de vie et les décisions sont prises de manière collégiale. Mais alors que la communauté favorise les sentiments amicaux, voire amoureux, une liaison entre Erik et l’une de ses étudiantes va venir ébranler la vie de tous…

Thomas Vinterberg a lui-même vécu au sein d’une communauté entre 7 et 19 ans. « C’était une époque fantastique, empreinte de folie […] pleine de souvenirs précieux et de moments absurdes ». Découvrir la dernière œuvre du co-fondateur du mouvement Dogme 95 et du réalisateur des excellents Festen (1998) et de La Chasse (2012) – films maintes fois récompensés – est toujours une expérience passionnante de cinéma !

Et La Communauté a reçu le Prix de la Meilleure Actrice au Festival de  Berlin.

Source : dossier de presse.

Bande annonce

Les séances : Vous pouvez Acheter vos places en ligne

Ce film a été programmé aux cinémas Studio

  • Semaine du Mercredi 18 Janvier 2017 au Mardi 24 Janvier 2017
  • Semaine du Mercredi 25 Janvier 2017 au Mardi 31 Janvier 2017
  • Semaine du Mercredi 1 Février 2017 au Mardi 7 Février 2017

Définition des pictos :


  • Séance 3D
  • Ciné Relax
  • Version française
  • V.O + Sous-titrage (FR)
  • Sans Paroles
  • Audio description

Votre avis

    Commentaire de Alice chetrit |

    Avec Festen, il y a déjà presque 20 ans, Vintenberg s'était déjà attaché, la caméra à l'épaule et respectant les préceptes du Dogma, à pulvériser la famille. L'espace de la maison d'enfance devenait le théâtre de l'explosion des tabous et de l'avènement d'une vérité ainsi que de celui qui enfin prenait la parole pour faire tomber les masques. Dans "La communauté" le nouveau film de Vintenberg, la maison, immense, magnifique, devient également le théâtre d'une expérience alternative à la famille, cellule bâtie sur les liens du sang et sur la filiation transgénérationnelle. La volonté d'ouvrir, de décloisonner et de faire éclater les conventions est posée d'emblée par les personnages eux-mêmes. Enfin plus exactement par Anna, belle blonde quinquagénaire, en couple avec Erik depuis quinze ans et mère de Freja, quatorze ans. Le couple est uni, complice, mais Anna exprime son ennui, son besoin de nouveauté et voit dans l'héritage de cette maison l'opportunité d'expérimenter un autre mode de vie, un autre système.

    Anna propose et porte le projet, elle est le vrai personnage idéaliste de ce film. Elle est celle qui rêve que la lumière entre dans ces murs : "sun, sex", dit-elle en faisant glisser les rayons du soleil entre ses doigts, après avoir fait l'amour avec son mari. L'ouverture et le décloisonnement vont donc traverser les différentes cellules dans lesquelles la famille a vécu jusque-là. L'espace d'abord, la maison, qui s'ouvre à l'autre, aux autres, pour engager un nouveau modus videndi. Ainsi l'homme du couple, Erik, le pater familias, accepte de réaliser l'idéal de sa femme. Il renonce à la propriété pour diviser son bien, partager un lieu qu'il n'aurait de toute façon pas pu assumer seul financièrement. Dès lors le film pose, me semble-il une question centrale : peut-on décloisonner sans fissurer ? Peut-on ouvrir sans faire éclater ?

    La mise en place de la communauté impose en effet de nouvelles règles, règles supérieures à celles du couple, à celle de la famille. Cet affranchissement des conventions est clairement symbolisé par la scène où le groupe, totalement dénudé, se jette dans la mer au milieu de cris de joie, symbole d'une liberté et d'un lâcher prise, baptême libertaire de ce corps collectif, nudité de "l'enfance de l'homme", de sa naïveté primitive. Mer qui à la fin du film, comme pour boucler la boucle, assez lourdement à mes yeux, reçoit les cendres de l'enfant de la communauté, sacrifié scabreusement par le réalisateur, encore une fois au nom du symbole, pour que l'on comprenne que désormais cet idéal de vie est mort, pulvérisé, en cendres...En effet, ce personnage d'enfant n'est qu'un vulgaire fantôme introduit à mon sens dans l'histoire à cette seule fin symbolique. Et ce manque de traitement des personnages est d'ailleurs une des faiblesses marquées de ce film.

    Ce film en effet refuse ou échoue à devenir un film choral. Les personnages manquent d'épaisseur, sont construits sur des comportements répétitifs et creux, comme les crises de pleurs du personnage de l'immigré qui s'exprime dans un "danois charabia" que personne ne tentera vraiment de comprendre et dont on préfèrera se moquer. Leimotiv dont la vocation comique est complètement ratée. Ou la jeune femme rousse au sourire béat quasi permanent dont on ne connaît que la sexualité débridée. Tous ces personnages s'étreignent ("si l'on n'est pas pris dans les bras, on meurt", déclare benoîtement un des personnages), mangent ensemble, mais aucun échange idéologique et verbal consistant entre eux ne nous permet de comprendre leur démarche. Les scènes qui les réunissent sont essentiellement celles qui nous les montrent discutant des règles et des dysfonctionnements de la vie quotidienne. On est assez saisi par la banalité et l'inconsistance des débats (le budget "bières" , le lave-vaisselle, le tour des repas...). Les moments consacrés à l'écoute des autres et à l'expression personnelle n'amène jamais personne à se dévoiler, à se dire en profondeur. En somme, la superficialité du système est assez frappante. Le cliché dégoulinant de la scène de liesse de Noël interrompue par la fausse mort de l'enfant est à l'image de la bêtise navrante que peut contenir ce film sur certains aspects.

    Ce corps collectif est donc bien inconsistant. Il est par ailleurs mené, pour ne pas dire dirigé, par Ole, le personnage le plus marginal, le plus inclassable, celui qui n'a pas d'attache, pas de statut, celui qui se présente avec deux sacs en plastique pour tout bagage. Anna avait toujours fantasmé de vivre avec un être libre comme Ole, mais qui va pourtant devenir une sorte de tyran guignolesque, tyran domestique, qui s'arroge le droit de brûler, de mettre au bûcher, tous les objets personnels non rangés à leur place, nuisant au bon ordre de la maison. Dès lors, une deuxième question se pose : qu'advient-il de l'individu dans un tel système ? Anna est à mon sens le personnage qui, elle aussi, sera jetée au bûcher au nom de la communauté.

    A défaut d'être un film choral réussi, la beauté de ce film repose bien plus sur le triple portrait de femmes qu'il dresse avec beaucoup de délicatesse et dont Anna est le personnage-pivot. Le personnage d'Erik, le père, le mari mais aussi le propriétaire initial de la maison, se vide progressivement comme un ballon qui se dégonfle, pour devenir flasque et visqueux. Personnage taiseux et distant, il traite avec ironie et sadisme ses étudiants, loin de l'esprit égalitaire qui organise sa vie privée. Mais il se ratatine et se laisse tomber sans résister dans les filets de sa jeune maîtresse. Victime d'une colère qui le plonge dans la catatonie, Erik se montre comme un petit garçon capricieux débordé par son émotivité et surtout intolérant à la frustration et aux règles de sa communauté. Il fera une belle démonstration de misogynie lorsqu'il renverra sa maîtresse et sa femme "à leur petits problèmes de bonnes femmes" l'empêchant de mener à bien ses projets architecturaux de mâle dominant. Et enfin , les larmes d'Erik, à la fin du film, qui pleure parce que sa femme s'en va ou peut être parce que l'enfant est mort...flou qui ajoute encore plus de ridicule au personnage et au film par la même occasion.

    Ce sont donc bien les femmes qui sauvent le film. Ce trio de femmes composé de la femme-mère, la maîtresse et la fille, nous renvoie immanquablement aux jeux de miroir abyssaux des personnages féminins de Bergman dans "Persona" ou "Cris et chuchotements". Gémellité, sororité, vases communicants, ces femmes circulent entre elles et forment, selon moi, la vraie communauté. Anna est une icône, une star a priori immuable du petit écran danois, son visage encadré trône dans tous les foyers du pays est donné à voir chaque jour, connu et reconnu de tous. Et nous assistons en direct à la décomposition de cette icône, dans ce gros plan sur son visage baigné de larmes et maculé de mascara dégoulinant. La décomposition d'une icône et la déchéance d'une femme, enterrée vive au nom du maintien du système dont elle a été l'instigatrice. Cette maison ouverte devient sa prison, la porosité des murs et des cloisons deviennent son supplice puisque cette circulation des sons, garant d'un espace collectif, font d'elle le témoin passif et abandonné des ébats amoureux de son mari avec l'autre. Ce choix de l'abolition de l'intimité et de l'individualité au nom de l'idéal, l'impossibilité d'avoir un lieu à soi dans cet espace collectif, perfore Anna au plus profond d'elle-même. Elle pensait ses idéaux plus forts que sa dignité, elle pensait que l'amour libre serait "une expérience intéressante". Sa déconvenue la plonge dans une solitude extrême, au milieu de ses comparses peu enclin à l'empathie. Seule Emma, sa rivale, la maîtresse de son mari, va tenter d'agir pour elle. Emma, miroir d'Anna. Miroir d'une jeunesse perdue. Icône elle aussi, Brigitte Bardot danoise, étudiante insoumise qui s'impose dans le bureau du maître sans lui laisser le choix et prend le pouvoir d'emblée sur cet homme sadique et persécuteur avec ses étudiants. Elle sera la "bombe" venue du dehors dont l'intégration dans la communauté va faire éclater non pas le groupe, prioritaire et protégé par les règles, mais un individu, Anna, sacrifiée au nom de la préservation du groupe. Le mouvement amorcé par Emma ne sera pas celui qui la sauvera. C'est Freja, celle qui, depuis le début est entre deux mondes, entre le dedans et le dehors, mais aussi entre deux âges, celui de l'enfance et de l'âge adulte, qui va sortir Anna de sa déchéance.
    Freja, cette adolescente silencieuse et observatrice, sera celle qui prononcera haut et fort l'exclusion de sa mère, non pas pour l'équilibre du groupe, comme les autres membres le pensent, mais pour que sa mère "s'en sorte", au sens propre comme au figuré. C'est cette jeune femme qui accompagne le spectateur hors de cette communauté, faisant le choix de sortir, de ne pas partager le deuil, immonde, de l'enfant avec les autres, faisant le choix d'un ailleurs...

Lire | Envoyer

Ajouter une critique

Pour donner votre avis, veuillez vous connecter :

Mot de passe oublié 

Je souhaite créer un compte

Création du compte